Rwanda : Kagame annonce qu’il briguera un quatrième mandat
Le président rwandais Paul Kagame a annoncé pour la première fois qu’il envisageait de briguer un quatrième mandat lors des élections de l’année prochaine.
« Je suis heureux de la confiance que les Rwandais m’accordent. Je les servirai toujours aussi longtemps que je le pourrai. Oui, je suis bien candidat », a déclaré M. Kagame, 65 ans, au magazine francophone Jeune Afrique.
En mars, le gouvernement rwandais a décidé de synchroniser les dates de ses élections législatives et présidentielle, qui doivent avoir lieu en août 2024.
Jusqu’alors, Kagame n’avait pas ouvertement exprimé ses intentions, mais il a apporté des amendements constitutionnels controversés qui lui ont permis d’effectuer un troisième mandat et pourraient lui permettre de gouverner jusqu’en 2034. Ancien chef rebelle, Kagame est considéré comme le leader de facto du pays depuis la fin du génocide de 1994.
Il a été reconduit au pouvoir – avec plus de 90 % des voix – lors des élections de 2003, 2010 et 2017. Alors que le Rwanda prétend désormais être l’un des pays les plus stables du continent africain, des groupes de défense des droits humains accusent Kagame de gouverner dans un climat de peur, étouffant la dissidence et la liberté d’expression.
En 2021, Paul Rusesabagina, héros de « Hôtel Rwanda » et critique virulent de Kagame, a été condamné à 25 ans de prison pour terrorisme, suite à son arrestation l’année précédente. Rusesabagina se trouvait dans un avion qu’il pensait être à destination du Burundi lorsqu’il a atterri à Kigali, dans ce que sa famille a décrit comme un enlèvement.
Libéré de prison en mars 2023 et transporté par avion aux États-Unis suite à une grâce présidentielle, Rusesabagina a publié en juillet un message vidéo affirmant que les Rwandais étaient « prisonniers dans leur propre pays ».
Le Rwanda est classé 131e sur 180 pays dans le Classement mondial de la liberté de la presse 2023 de Reporters sans frontières. Lorsqu’on lui a demandé en 2022 s’il briguerait sa réélection, Kagame a déclaré qu’il « envisagerait de se présenter encore 20 ans ».
« Les élections sont le choix du peuple », a-t-il déclaré dans une interview à la chaîne d’information France 24. Kagame n’avait que 36 ans lorsque son parti, le Front patriotique rwandais, a chassé les extrémistes hutus accusés d’être responsables du génocide au cours duquel quelque 800 000 personnes, principalement des Tutsis mais aussi des Hutus modérés, ont été assassinées entre avril et juillet 1994.