Sénégal: procès pour meurtre d’un marabout et 19 de ses disciples
Le procès d’un chef religieux musulman sénégalais, Cheikh Bethio Thioune, et de 19 de ses disciples, pour le meurtre de deux d’entre eux en 2012, s’est ouvert mardi en l’absence du marabout, à l’étranger pour des raisons médicales, selon sa défense.
Ce procès très médiatisé au Sénégal, qui doit durer jusqu’au 2 mai devant la chambre criminelle du tribunal de grande instance de Mbour, à 80 km au sud-est de Dakar, est attendu depuis des années en raison de la stature du principal prévenu.
Cheikh Bethio Thioune, un responsable de la confrérie mouride, une des plus influentes au Sénégal, compte de nombreux fidèles dans le pays et à l’étranger.
« C’est avec regret que Cheikh Bethio Thioune ne se présente pas ce matin », a déclaré un de ses avocats, Ousmane Seye.
« Depuis janvier 2019, il est absent du territoire. Il reçoit des soins intensifs à Bordeaux (sud-ouest de la France). Il ne peut pas se déplacer », a indiqué Me Seye au président du tribunal, Thierno Niang, lui demandant de « constater son absence » et de « surseoir à son jugement ».
En liberté provisoire depuis février 2013, il avait été arrêté le 23 avril 2012, sept ans jour pour jour avant le début de ce procès, à la suite de la mort de deux de ses disciples lors d’une rixe dans le village de Keur Samba Laobé (ouest), où il possède une résidence.
Les organisations de défense des droits de l’Homme et les familles des accusés dénoncent depuis plusieurs années la durée excessive de la détention préventive de la plupart des prévenus.
Ils sont poursuivis notamment pour meurtre avec actes de barbarie, association de malfaiteurs, recel de cadavres, inhumation sans autorisation administrative, détention d’armes sans autorisation et non-dénonciation de crime.
Les deux victimes avaient été inhumées en brousse. Les mobiles du meurtre n’ont pas été élucidées.
Le chef religieux n’est personnellement poursuivi que pour « non-dénonciation de crime parce que n’étant pas présent au moment des faits » qui lui sont reprochés et qu' »il conteste vigoureusement », a précisé à l’AFP avant le procès un de ses avocats, Moussa Sarr.
Ses fidèles, appelés « thiantacounes », avaient violemment protesté contre sa détention en 2012. A Dakar, ils avaient notamment brisé les vitres de plusieurs dizaines de véhicules le 22 octobre 2012.
Des disciples de cheikh Bethio Thioune avaient également manifesté le même jour devant l’ambassade du Sénégal à Paris, crevant les pneus de véhicules diplomatiques avant d’être dispersés par la police.
Sept responsables des « thiantacounes » ont été condamnés à Dakar en novembre 2012 pour ces violences à un an de prison ferme, et 28 adeptes à six mois ferme.
izf