Guinée: il y’a 34 ans que Sékou Touré nous a quitté !
« Ahmed Sékou Touré, un homme, un destin, une vision » (Une chronique de Famany Odia Condé)
26 mars 1984 – 26 mars 2018, déjà 34 ans depuis que le fondateur de la nation guinéenne, père de l’indépendance s’éteignait dans un hôpital américain à Cleveland dans l’Etat d’Ohio. Ce jour là notre pays subissait l’un des chocs les plus terribles de son histoire. Ce ne fut pas facile d’annoncer une telle nouvelle au vaillant peuple de septembre, tant son amour pour son président était fort. On mettra du temps pour croire à la mort du timonier car, de son vivant une légende s’était tissée autour de sa personne. On le croyait immortel ou du moins qu’il allait disparaitre et, que personne ne dira un jour voici l’ancien président de la Guinée, ou voici le corps du responsable suprême de la révolution. Par la force des événements, cette légende semble respectée tant le flou réside encore dans la mémoire des gens.
Il est important de faire aujourd’hui une réminiscence sur la vie de cet homme singulier dans l’histoire du continent africain. Aucun de ses pairs n’aura le privilège de l’égaler, il a été et restera de loin supérieur à tous les hommes politiques de son temps. Sa mémoire mérite d’être respectée pour tous les services rendus à sa patrie et à l’Afrique.
- Qu’on le veuille ou pas, le Président Ahmed Sékou TOURE est le père fondateur de la nation guinéenne. Il a par sa témérité et sa clairvoyance insufflé à son peuple un nouvel élan de patriotisme qui lui a poussé à croire en sa force et à refuser le complexe d’infériorité. Grâce à lui le peuple de Guinée a acquit une fierté qui lui a permis de construire sa personnalité et son identité par rapport au contexte d’alors.
- Il a osé dire NON au colonisateur, surtout au Général De Gaule qui était à l’époque une personnalité charismatique et respectée de la métropole française. Les autres chefs ont manqué de courage. L’histoire lui donnera raison car, leurs pays aussi accèderont plus tard à la souveraineté nationale.
- Son NON au colonialisme français lui a valu toutes les rivalités possibles jusqu’à l’ultime agression du 22 novembre 1970. Ses adversaires de l’intérieur comme de l’extérieur tisseront une toile géante de conspiration contre lui durant tout son règne. C’est ce qui sera appelé le complot permanent, que certains esprits refusent de reconnaitre malgré le mea culpa de ceux là mêmes qui en ont été les instigateurs.
- Il a malgré tout créé pour son peuple les conditions pour un développement harmonisé de la nation guinéenne. Les unités industrielles à travers tout le pays, son souci pour l’autosuffisance alimentaire à travers la création des BAP, BMP et les FAPA. Des milliers de tracteurs mis à la disposition du peuple pour la matérialisation de sa politique agricole. Il a permis aux enfants de pauvres d’étudier et d’avoir le doctorat dans les pays étrangers. La gratuité des fournitures scolaires, la prise en charge par l’Etat de tous les besoins de l’école et surtout l’orientation de la formation en rapport avec le modèle de société ambitionnée.
- Pour tout guinéen consciencieux, nous avons tous une obligation de reconnaissance vis-à-vis de cet homme qui a fait de nous ce que nous sommes réellement. A son temps ce régionalisme qui cloisonne aujourd’hui notre société n’existait pas. Tous les jeunes guinéens étaient frères et sœurs, ils étaient tellement soudés qu’on pouvait dire qu’ils sont des frères utérins.
- Le moral révolutionnaire véritable creuset ou était façonnée la jeunesse, préservait nos valeurs culturelles en luttant contre la dépravation des mœurs et la délinquance juvénile. Qu’il est triste de voir aujourd’hui ce qui se passe dans notre pays sur ce plan, nous sommes plus que déracinés, nous sommes aujourd’hui devenus des hybrides culturels.
La jeune génération qui est très mal informée sur notre histoire, se perd dangereusement dans des considérations subjectives erronées issues de l’imaginaire d’une certaine catégorie de guinéens. Par mépris on le traite de tout, on foule au sol le combat qu’il a mené pour nous conduire courageusement à l’indépendance. Nous avons entendu des guinéens dire que l’indépendance a été une grosse erreur pour notre pays. Pour eux, nous devrions continuer à vivre sous le joug colonial, dans la servitude et l’humiliation. Nous préférons la liberté dans la pauvreté à l’opulence dans l’esclavage, cette phrase désormais historique identifiera notre peuple jusqu’à la fin des temps.
Dans tous les pays du monde, on accorde une considération au père de l’indépendance. C’est triste de voir certains guinéens trainer dans la boue la mémoire de ce grand homme, celui qui fut porte parole de la cause africaine, celui devant qui tremblaient les impérialistes, les colonialistes noirs et blancs. On se souvient comme si c’était hier du sens, de la profondeur, du ton et de la vivacité de ses envolées oratoires. Il flétrissait les ennemis du peuple, il magnifiait, glorifiait son peuple pour lequel il a consacré toue sa vie et tout son combat.
Dieu étant justice, nous avons tous vu la fin de cet homme, une fin douce et honorable. Aucun de ses ennemis n’a eu raison de lui, si tout ce qu’on lui reproche était vrai et fondé, il n’aurait jamais eu une telle fin. Nous avons vu la fin tragique de certains grands de ce monde comme pour dire que le péché se paie dans ce monde ici-bas.
Les détracteurs n’en veulent pas seulement à feu Ahmed Sékou TOURE, ils ont bavé sur le Général Lansana CONTE, sur le Capitaine Dadis, sur Sékouba KONATE et maintenant sur le Pr. Alpha CONDE qui a fini par reconnaitre que notre pays n’est pas facile à gérer. Les éternels insatisfaits trouveront toujours le contraire de ce que pense la majorité. Ce que nous devons jalousement sauvegarder c’est notre histoire, ayons le courage de dire la vérité à la jeune génération pour qu’elle sache ce qui s’est réellement passé. Placés dans les mêmes conditions ces apôtres de la démocratie feraient pires que SékouTouré. Il est facile de dénoncer la dictature de l’homme mais, il n’est pas facile de reconnaître une traîtrise teintée d’hypocrisie.
Que l’âme de cet illustre disparu repose en paix et que les portes du paradis lui soient grandement ouvertes. Jusqu’à la fin des temps, ton peuple se souviendra de toi et, avec l’usure du temps ceux qui te haïssent finiront par t’aimer car, tu es le père de cette nation et de notre indépendance. Ce mérite est pour toi seulement, chose qui ne peut être modifiée ni dénaturée. Ah Fama ton peuple te regrette car tu as incarné ses nobles vertus, tu lui as donné l’essentiel : sa personnalité.
Gloire au peuple, Honneur au peuple, Victoire au peuple. Pour toujours notre peuple se souviendra de toi ! Paix à ton âme. Amen!
Famany Odia Condé