ET POURTANT ELLE TUE PLUS QUE LE SIDA !
Depuis belle lurette on ne cesse d’alerter sur les dangers de la route en Guinée. Chaque jour, chaque semaine et chaque mois, ce sont des dizaines de personnes qui perdent la vie dans les accidents de la route. Des familles entières sont privées de support car souvent ceux qui disparaissent sont l’espoir d’une famille voire de tout un village. Des personnes influentes économiquement et moralement sont conduites au trépas par la faute de l’imprudence des conducteurs indisciplinés.
Les routes sont devenues pour les usagers de véritables dangers car, les statistiques des accidents, des victimes et des blessés donnent le tournis. Le paradoxe est qu’il est difficile de faire la nuance entre l’état des routes et les accidents. Par le passé on accusait la défectuosité des chaussées crevassées, avec des nids de poules. On pensait que cela était la cause fondamentale des accidents. Aujourd’hui les routes guinéennes ont connu dans leur généralité une impressionnante amélioration ce qui en principe devait donner la certitude de zéro accidents.
Malheureusement au regard des accidents qui surviennent à chaque instant, on a l’impression que cette amélioration n’aura été qu’un facteur aggravant. Pourtant il y a des agents de la sécurité routière, des brigades mobiles de gendarmerie routière qui interviennent en rase campagne mais, rien de cela n’a pu impacter positivement sur le taux des accidents de la circulation. Au lieu d’une réduction, on assiste plutôt à une recrudescence du phénomène ce qui est devenu inquiétant pour les populations. Il y a lieu aujourd’hui de jeter un regard critique sur cette réalité afin de mettre en évidence les véritables causes de ces accidents.
On reconnait absolument l’effroi occasionné par les catastrophes de la circulation routière en Guinée, des familles endeuillées, des hommes mutilés à vie, des véhicules endommagés et des installations détruites. Les conséquences économiques et sociales de ces accidents sont incommensurables. La responsabilité de ces catastrophes est imputable à qui réellement ?
On parle souvent de l’état des routes, de leur étroitesse et du manque de signalisation pour les faire parler. En dépit de tout cela, on peut affirmer que ces raisons ne sont pas fondamentales. L’AGEROUTE est indexée pour l’absence des panneaux de signalisation et le traçage des routes, cela est une évidence mais elle ne justifie pas les accidents. La sécurité routière aussi fait-elle son travail ? Elle est taxée de raquette des chauffeurs et non de veiller au contrôle des documents, de l’état des véhicules et de la respectabilité des normes de transport, leurs capacités, le nombre de passagers par véhicules de transport. Elle ferme toujours les yeux sur ces infractions dangereuses pour la sécurité des passagers, des chargements hors gabarit, la surcharge des gros porteurs nocifs pour la chaussée.
Ce qui est paradoxale dans cette situation c’est le cas des chauffeurs qui sont tous détenteurs de permis de conduire. Faut-il regretter la période où l’apprentissage durait pendant de longues années au cours desquelles on inculquait aux apprentis toutes les vertus, le respect du code de la route et de la vie humaine ? On est tenté de se demander si ce n’est pas la prolifération des autoécoles qui est à la base de cette recrudescence des accidents à cause de la qualité des enseignements donnés aux postulants. On n’a pas besoin d’aller à l’école pour comprendre la signalétique du code de la route, qui distingue les panneaux d’interdiction (ronds à fond rouge et blanc) des panneaux d’obligation (ronds à fond bleu). Les signaux de danger et d’intersection, quant à eux, sont de forme triangulaire et les panneaux d’indication, rectangulaires ou carrés à fond bleu ou blanc.
La configuration de la route même à l’absence des panneaux de signalisation en rapport avec ce qui a été appris dans les autoécoles peut permettre au conducteur réfléchi de comprendre et d’éviter les dangers. Malheureusement de nos jours l’indiscipline, l’arrogance des conducteurs et la consommation des stupéfiants rendent difficile la situation. La plupart des conducteurs sont des jeunes, parfois célibataires qui n’ont aucune responsabilité familiale et qui ne se soucient ni de leur vie ni de la vie des passagers qu’ils transportent. Sur la nationale N°1 de Coyah-Kindia c’est le spectacle désolant qui s’offre aux yeux, des camions renversés avec leur chargement de sable, des bus dans les ravins, des minibus endommagés par des collisions frontales, des voitures déchiquetées par la violence des chocs. Le non-respect du code de la route, le dépassement défectueux, les excès de vitesse, le téléphone au volant et l’alcool sont les véritables causes de ces accidents.
Faut-il laisser les chauffards décimer lentement la population guinéenne ou envisager des mesures coercitives pour limiter le phénomène. La vétusté du parc automobile national est une évidence mais, il faut cependant préserver la vie des citoyens en veillant scrupuleusement sur l’âge et l’état des véhicules de transport, c’est le rôle de l’Etat à travers la sécurité routière. Les propriétaires de ces cercueils roulants ne visent que leur recette, ils se soucient très peu de la vie des passagers.
La mise en place du contrôle technique s’avère plus que nécessaire aujourd’hui, pour assurer la santé des véhicules pour définir leur état. La mise en œuvre des mesures draconiennes capables de dissuader et de discipliner les délinquants de la route. Il faut réprimer sévèrement les fauteurs en les faisant subir les peines à la hauteur des infractions commises. La vie est trop belle pour la perdre inutilement par la faute d’un indiscipliné, d’un drogué ou d’un soulard. De véritables mesures coercitives, disciplinaires et juridiques doivent être envisagées pour limiter tout au moins la fréquence des accidents de la circulation.
Quand la route tue plus que le SIDA il y a lieu d’avoir peur !