RECUPERATION DES DOMAINES DE L’ETAT, DEUIL ET DESOLATION !
Il n’est pas facile de supporter la tragédie qui est la récupération des domaines de l’Etat. Cette opération a causé la mort de plusieurs personnes et le désarroi dans de nombreux foyers. A qui la faute la responsabilité est partagée malheureusement on l’impute uniquement aux pauvres occupants. Si aujourd’hui les populations sont confrontées à une telle tragédie, il faut y voir la léthargie de l’Etat, la malhonnêteté des cadres des services publics, l’habitat, les responsables administratifs des préfectures et des sous-préfectures. Ces autorités devraient être à mesure d’interdire l’occupation des domaines de l’Etat, en refusant la livraison des documents administratifs y afférents. Mais laisser les populations occuper les domaines pendant des décennies et venir un beau matin détruire l’œuvre de toute une vie est dramatique.
Le gouvernement doit savoir que de nombreuses familles aujourd’hui vivent à la belle étoile par le fait de la destruction de leurs habitats. Avec la précarité qui étreint les populations guinéennes, imaginer alors le quotidien de ces familles endeuillées et meurtries par la dureté, la cruauté des violences dont elles sont victimes. Conakry, Kamsar et aujourd’hui Kindia sont des lieux où on dénote de nombreuses familles qui assistent impuissantes à la destruction des efforts de toute une vie sans aucunes compensations financières ou de mesures d’accompagnement. C’est difficile à supporter quand on sait que ces nouvelles autorités avaient promis monts et merveilles aux populations guinéennes le 5 septembre 2021.
La vérité serait de punir également les agents véreux qui ont contribué malhonnêtement à une telle dérive administrative. Il faut les démasquer pour les punir à la hauteur du drame dont ils sont auteurs. Le droit le plus absolu pour un citoyen est de disposer de tous les documents administratifs (plan de masse, titre foncier, autorisation de construire etc.). Mais en dépit de tout cela l’Etat s’attaque à leur habitation, ce qui est un véritable paradoxe. Cela démontre à suffisance le non-respect des principes administratifs et la légèreté des cadres de l’habitat qui ne se soucient que de leurs poches et non de la régularité des démarches administratives.
Aujourd’hui l’Etat écrase tout sur son chemin parce qu’il est la puissance publique mais, il faut aussi savoir qu’il a la responsabilité de défendre les citoyens contre de telles injustices. La délimitation des domaines de l’Etat est de très loin antérieure à l’occupation des domaines par les citoyens. Si l’Etat en ce moment avait pris ses responsabilités, on ne serait pas aujourd’hui face à cette dramatique situation. Personne ne peut s’opposer à la loi mais, il faut savoir que la loi est faite par les hommes et pour les hommes et non contre les hommes. Dans toute application de la loi, il y a lieu de respecter le droit humain. Ces pauvres victimes ne méritent pas une telle rigueur de la part de l’Etat, il fallait avant tout examiner, étudier et définir tous les paramètres pour leur éviter une telle catastrophe car, après tout ce sont des guinéens et non des étrangers.
Des veuves sans ressources, des enfants sans emploi, des retraités impotents, des héritiers sans revenus constituent malheureusement le lot de ces déguerpis victimes de la puissance publique et des puissantes machines de démolition. Puisque l’Etat c’est la continuité, il devait assumer sa responsabilité en trouvant des mesures compensatoires au lieu de transformer ces hommes en parias, en les ridiculisant et en les réduisant à leur plus petite expression. Une telle opération ne rassure guère pour le renforcement du tissu social déjà fragilisé par d’autres pratiques irresponsables et antisociales. Quand les frustrations et les mécontentements s’accumulent pour un peuple, il arrivera un jour où le verrou va sauter, c’est ce jour qu’il faut craindre.
C’est dur de perdre en un jour les efforts de toute une vie. Si ces citoyens avaient été très tôt informés de la situation des domaines qu’ils occupent, personne ne se serait aventuré à y mettre tout son avoir. On construit pour ses vieux jours et pour préserver sa progéniture mais, se voir malgré tout cela à la merci de la risée, du déshonneur, ne peut qu’écourter la vie d’un homme. C’est d’ailleurs la raison qui a couté la vie à de nombreuses victimes. La seule personne au nom de laquelle pleurent aujourd’hui ces déshérités, c’est bien le colonel Mamadi Doumbouya. Avant lui d’autres ont présidé aux destinées de ce pays, ils se sont gardés de passer à l’acte pas à cause de la peur, mais des conséquences dramatiques qui en résulteraient. Pour eux ils aimaient bien ce peuple et comprenaient l’enchevêtrement des circonstances génératrices de la situation. Donc si c’est sous le magister de Doumbouya que cela s’est produit, il en est le seul responsable et en conséquence le seul récipiendaire des malédictions et imprécations qui se font aujourd’hui en chœur.
L’Etat doit assumer ses responsabilités vis-à-vis des victimes à cause de sa léthargie au moment des faits !