COVID-19 : pour Mahamadou Issoufou, « même une annulation de la dette ne suffira pas » pour aider les pays africains
Pour le président du Niger, Mahamadou Issoufou, une annulation de la dette africaine ne suffira pas pour aider le continent à affronter les conséquences économiques du coronavirus. Le dirigeant appelle à mobiliser des « ressources financières fraîches » et à lancer un plan Marshall pour l’Afrique.
Lors d’une rencontre par visioconférence organisée mardi 9 juin avec la task force de l’Union africaine pour la lutte contre la COVID-19, le président nigérien, Mahamadou Issoufou (photo), s’est prononcé sur l’aide apportée aux pays africains, notamment en ce qui concerne la dette. Selon le dirigeant, les décisions prises concernant une « suspension » du remboursement de la dette africaine sont loin d’être suffisantes pour aider le continent à faire face aux conséquences économiques de la crise sanitaire.
« L’ampleur de la crise économique que connaîtront nos Etats nécessite un soutien financier qui va au-delà d’un simple moratoire. Un moratoire me semble insuffisant […] Même une annulation de la dette ne suffira pas surtout quand on pense aux inégalités qu’elle va générer entre pays bénéficiaires », a indiqué Mahamadou Issoufou, également président en exercice de la CEDEAO. Selon le dirigeant, plus qu’une simple suspension de la dette ou même une annulation de celle-ci, les pays africains « ont besoin de ressources financières fraîches […] non seulement pour faire face à la pandémie, mais aussi pour relancer l’économie à travers la mise en œuvre de projets structurants ».
Il y a quelques mois, les pays du G20 ont décidé de suspendre pour un an le remboursement de la dette des pays les plus pauvres afin de les aider à faire face à la pandémie de covid-19. Avec une dette estimée à plus de 365 milliards $ détenue en grande partie par des créanciers privés et des institutions multilatérales, les pays africains avaient appelé à une annulation de leur dette alors que le spectre d’une récession plane désormais sur le continent. Selon la Banque mondiale, l’Afrique subsaharienne devrait voir sa croissance « chuter brutalement de +2,4 % en 2019 à une fourchette comprise entre -2,1 et -5,1 % en 2020, la première récession dans la région depuis plus de vingt-cinq ans ».
Pour Mahamadou Issoufou, les pays riches doivent s’entendre pour mettre en place un véritable plan Marshall en faveur de l’Afrique, et à augmenter leurs engagements à l’aide publique au développement. « C’est l’occasion pour la communauté internationale de concrétiser l’objectif de 0,7 % du PIB à consacrer à l’aide publique au développement », a-t-il estimé rappelant la nécessité pour les pays africains de mobiliser eux aussi « davantage de ressources internes » pour éviter un accroissement du chômage et de la pauvreté, notamment en Afrique de l’Ouest.
Avec A. Ecofin