Kenya: décès de Daphne Sheldrick, la célèbre « mère » des éléphants orphelins
Daphne Sheldrick, pionnière de la protection de l’environnement connue pour avoir développé une méthode permettant d’élever des éléphanteaux orphelins au Kenya, est décédée jeudi à l’âge de 83 ans, a annoncé vendredi sa famille.
« Daphne est décédée dans la soirée du 12 avril au terme d’une longue bataille avec le cancer du sein, une bataille qu’elle a finalement perdu », a indiqué sa fille Angela Sheldrick dans un communiqué publié sur le site du Fond David Sheldrick pour la faune sauvage (DSWT).
« Son héritage est incommensurable et son décès aura un large retentissement en raison de son succès sans égal dans la conservation de la nature au Kenya », a ajouté sa fille.
Née au Kenya en 1934, Daphne Sheldrick a travaillé pendant près de 30 ans à la protection de la nature avec son mari David Sheldrick, fondateur du célèbre parc national de Tsavo.
Après la mort de son époux, elle a fondé le DSWT, connu à la fois pour sa contribution à la protection de la nature, ainsi que pour son orphelinat d’éléphants, où des milliers de touristes viennent chaque année voir des éléphanteaux nourris au biberon et jouer dans la boue.
« Daphne a été la première personne qui a élevé avec succès des nouveaux-nés éléphants et rhinocéros qui étaient encore dépendants du lait maternel », a rappelé Angela Sheldrick, selon laquelle la méthode ainsi développée a permis de sauver 230 éléphanteaux orphelins au Kenya, et de nombreux autres à travers l’Afrique et en Inde.
Il a fallu 28 ans de recherche à Daphne Sheldrick, décorée en 2001 par le gouvernement kényan et en 2006 par la reine Elizabeth II, pour recréer le lait maternel sans lequel les éléphanteaux de moins de deux ans ne peuvent survivre.
Mais le lait n’était qu’une partie de la solution destinée à sauver des éléphants souvent traumatisés par la mort de leurs parents, tués pour leur défense en ivoire, ou décédés lors de sécheresses: par exemple, les gardiens dorment parfois aux côtés des éléphanteaux, pour les rassurer.
« L’enfant est fragile, il faut réfléchir comme un humain pour les éléphants », avait déclaré Mme Sheldrick dans un entretien à l’AFP en 2004.
Lorsque les éléphanteaux atteignent l’âge de deux ans, ils quittent l’orphelinat de Nairobi pour être réintroduits dans le parc de Tsavo, où ils tentent de s’intégrer à un groupe d’éléphants, un processus qui peut être long.
Le travail de Mme Sheldrick, qui a écrit plusieurs livres, a été immortalisé dans de nombreux documentaires.
« Daphne vivait aux côtés des éléphants, et a appris à lire dans leurs coeurs, de la même manière qu’ils lisent dans les nôtres », a rendu hommage le DSWT. « Elle comprenait leur fragilité, leur intelligence, leur capacité à aimer, à pleurer, à guérir, à se soutenir les uns les autres, et elle a partagé ces leçons avec le monde ».
Le continent africain ne compte plus que 415.000 éléphants, soit 111.000 de moins que lors de la dernière décennie, selon l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). Et chaque année, 30.000 éléphants sont tués.
Izf