Nigeria: 10 morts dans de nouvelles tueries inter communautaires
Au moins dix personnes ont été tuées dans des violences entre éleveurs et agriculteurs dans le centre du Nigeria, faisant suite à une vague d’affrontements sanglants pour l’accès à la terre depuis début janvier, a-t-on appris jeudi auprès de l’armée et de responsables politiques.
Dans l’Etat du Plateau (centre-ouest), au moins huit personnes ont perdu la vie au cours de nouvelles violences entre éleveurs musulmans et agriculteurs chrétiens, selon le commandant Adam Umar, porte-parole de l’armée dans la région.
« Nous avons enregistré huit morts dans des attaques distinctes dans les districts de Bokkos et Bassa », a-t-il déclaré à l’AFP.
Mercredi, « un éleveur peul a été attaqué et tué par des membres de la communauté Ropp » alors qu’il récupérait du sable pour construire sa maison, a précisé le responsable militaire.
« En représailles, des membres de la communauté peule ont également attaqué et tué deux personnes, dont une femme, de la communauté de Ropp ».
La veille, cinq personnes avaient déjà été tuées dans des affrontements semblables à une centaine de kilomètres, près de Bassa, entre nomades peuls et agriculteurs de l’ethnie Irigwe, après un vol de bétail.
« Les corps de trois Irigwe ont été retrouvés sur un site minier illégal de la zone et leurs proches ont accusé les éleveurs peuls de les avoir tués », a ajouté le major Umar.
Les corps de deux bergers ont été récupérés plus tard près d’une rivière, suite à ce qui semblait être des représailles pour le meurtre des trois cultivateurs irigwe.
« Nous pensons que (c’est un) vol de bétail qui a déclenché les tueries », a déclaré le major Umar, précisant que l’armée avait été déployée dans les zones concernées pour rétablir le calme.
Par ailleurs, un policier et un agriculteur ont été tués dans l’Etat de Benue (centre-est) lors d’une attaque attribuée à des éleveurs peuls dans le district de Guma dans la nuit de mercredi à jeudi.
« Guma, ma région, a été attaquée hier par des éleveurs » qui ont tué un policier et un agriculteurs, a déclaré à l’AFP le gouverneur de Benue, Samuel Ortom.
« Des gens sont portés disparues et les blessés ont été hospitalisés à Makurdi », la capitale régionale, a-t-il précisé.
Le gouverneur a affirmé que 80.000 personnes ont fui leurs foyers dans l’Etat de Benue après des affrontements qui ont fait 80 morts début janvier.
« Nous ne pouvons pas continuer à vivre comme ça. C’est le moment où nos gens récoltent (…) et préparent la prochaine saison agricole », a-t-il dit, accusant indirectement les éleveurs nomades d’êtres responsables des violences.
Les Etats du Plateau et de Benue se situe dans la ceinture centrale du Nigeria, qui sépare un nord à prédominance musulmane et un sud largement chrétien.
La région a longtemps été un foyer de tensions ethniques et religieuses entre les communautés agricoles chrétiennes sédentaires et les éleveurs qui transhument avec leurs troupeaux.
Le conflit séculaire pour l’appropriation des terres est renforcé par une lutte de plus en plus âpre pour les ressources, provoquée par la sécheresse et la désertification dans le nord du Nigeria et plus largement au Sahel, qui oblige les éleveurs à migrer vers le Sud.
Les violences inter communautaires ont déjà fait une centaine de morts dans le centre du pays depuis le début de l’année et l’administration du président Muhammadu Buhari est sous le feu des critiques, accusée de passivité face à un conflit devenu plus meurtrier que l’insurrection du groupe jihadiste Boko Haram dans le nord-est.
Selon un rapport de septembre 2017 de l’International Crisis Group, plus de 2.500 personnes ont ainsi été tuées en 2016.
Izf